La femme qui ne vieillissait pas - [Grégoire DELACOURT], Ô, jeunesse ennemie, n'ai donc tant vécu que pour ce livre décevant ?


JC Lattès, février 2018, 256 pages

Youhouuu le dernier Delacourt, auteur que j'aime d'amour ! La liste de mes envies, La première chose que l'on regarde, Danser au bord de l'abîme... beaucoup de ses romans m'ont profondément touchée. Le dernier, c'est le frangin qui me l'a offert pour anniversaire (en fait c'est moi qui aie choisi haha). Verdict.



Betty découvre à trente ans qu'elle ne vieillit plus. (peux pas faire plus long!)

Mazette! Quelle déception, humbles lecteurs... Que la vie est cruelle. Me faire offrir le dernier roman d'un de mes auteurs préférés, s'arrêter de vivre pour le dévorer et.... s'ennuyer tellement, tellement profondément...

Bon, après une entrée en la matière aussi ignoble, je ne peux que vous apporter quelques modestes justifications (qui apparemment sont très, très personnelle vu l'engouement général pour ce bouquin). 
Le livre est très court, comme souvent chez Delacourt (je le crois pas que j'ai écrit un truc aussi machinalement, et qui soit susceptible de devenir une blague pourrie). Vous le lirez en quelques heures si vous êtes à fond, ou vous laisserez traîner quelques jours s'il ne vous emballe pas plus que ça, ce qui fut, bien sûr, mon humble cas.
Je voulais vieillir auprès d'un homme bon, patient et puis un jour être grand-mère, devenir ces deux petits vieux que l'on croise parfois dans un parc, sur un banc, qui se tiennent la main et dont les beautés ont déteint l'une sur l'autre.
L'idée de départ, moitié fantastique, moitié dramatique, est absolument géniale: une femme s'arrête de vieillir à 30 ans. Où plutôt, elle cesse de vieillir en apparence, puisque ses organes déclinent normalement, tandis qu'elle garde un physique de jeunette. Direct, moi j'ai envie de dire: GARCE, en plus tu te plains? Parce que oui, on peut s'en douter s'il y a matière à écrire un roman, il y a des limites à ce cadeau empoisonné de la vie.
Grégoire Delacourt exploite plutôt bien tout cela: vieillir moins vite que son mari, se voir rattraper par son enfant, s'attirer les jalousies voire les foudres de ses paires (on est hyper teigneuses entre nous, les nanas, hein?)... 
(...) il faut que les choses meurent pour que nous ayons la certitude de les avoir un jour possédées.
Mais là le couperet doit bien tomber: je me suis profondément ennuyée. Allez, soyons vraiment honnêtes: on va dire que le livre est très chiant le premier quart (voire premier tiers... aaaarrg). Delacourt nous détaille toute la vie de son héroïne, année après année depuis sa naissance. Il n'explique pas grand chose, va assez vite et pourtant c'est longuet. 
De plus, les lecteurs de Delacourt ont sûrement pu constater (et entendre de sa bouche, d'ailleurs), qu'il adorait temporaliser et contextualiser ses romans, fournir des références culturelles à foison (cinéma, mode, musique, politique, etc). Le souci c'est qu'ici il y en a beaucoup trop. OU ALORS (je cherche tout de même à nuancer ma propre critique), cela m'a ennuyée parce que justement, ce n'était pas les miennes... Et qu'une fois, deux fois, trois fois c'est sympa (oh tiens ma mère m'en avait parlé de ça!) , mais qu'au bout de 20 pages de portrait d'une époque non-vécue, ça devient très redondant (et j'ai fait LE truc affreux: lire en diagonale). 

L'histoire familiale de Betty est intéressante, mais l'auteur ne nous propose qu'une esquisse, sans s'enfoncer dans les détails, les descriptions... et cela fait très bâclé. (J'ai encore du mal à croire que j'ai écrit le mot "bâclé" pour cet auteur que je chéris tant). Du coup, le personnage principal n'est pas ou peu attachant, le lecteur reste à mon humble avis tout le temps à trop grande distance. Je ne me suis quasiment pas identifiée, même en tant que trentenaire qui commence déjà à se sentir trop vieille (!). 
Je croyais que c’est dans la permanence des choses que se trouve le bonheur, mais je me suis trompée, la constance est un effroi.
Ensuite, lorsque Betty cesse de vieillir, cela devient - heureusement ! - plus intéressant, même si c'est toujours très prévisible.
Les remarques de ses proches, le regard envieux de sa meilleure amie (cornue comme pas possible, donc forcément très remontée contre les "jeunes" qui lui font concurrence), la délicieuse sensation de rester désirable dans l’œil des hommes... Tout cela est assez convaincant. Rien qui casse trois pattes à un canard cependant. 

Delacourt ne s'attarde pas sur le pourquoi du comment de ce miracle (ou pas !) et c'est tant mieux: finalement, on s'en contrefiche, ce qui compte c'est le résultat: on fait COMMENT, quand son mari a l'aspect d'un quinqua et que les gens jasent dans la rue en constatant l'improbabilité du couple? On fait comment lorsque son fils ne peut plus vous présenter en tant que "mère"? 

La plume de Delacourt reste sublime, subtile, féminine. En témoignent les extraits que je vous propose... On ne peut pas lui enlever ça.
Mais j'ai la sensation qu'il a cédé à la facilité, qu'il aurait pu creuser plus, scénariser surtout. J'avais envie d'une histoire, pas nécessairement de tranches de vie d'une femme qui ne connaîtra jamais les rides. 
Mais le bonheur est un invité fantasque. Il quitte parfois la table sans prévenir, sans raison.
Le dénouement est incroyablement décevant lui aussi. Je n'en ai pas saisi le sens, ni vu l'intérêt. 
Pour le coup, plus que les premières années de la vie de Betty, ce sont les dernières qui m'auraient vraiment captivées: on fait comment, avec un corps de déesse trentenaire à l'extérieure (oui parce qu'en plus d'être jeune, Betty est canon, la garce) et un corps d'octogénaire fatigué à l'intérieur?  Une sorte de Benjamin Button! Le début, la fin et tous les aléas au milieu. Non ?

Bref, je n'ai pas eu l'occasion de lire beaucoup de critiques de ce dernier roman, si ce n'est qu'il n'est pas trop mal noté ici et là sur les réseaux sociaux culturels... Peut-être suis-je restée bloquée sur "Danser au bord de l'abîme", le dernier lu en date qui m'avait transpercé le cœur et l'esprit ? 

Allez Grégoire, je t'aime quand même, quasiment tous tes bouquins m'ont fait vibrer, réfléchir, mouiller mes yeux... Je lirai avec plaisir ce que tu me proposeras dans deux ou trois ans, va. Je suis la lectrice qui ne désespère pas !


Pour conclure, un livre en demi-teinte... Je suis toujours épatée par la sensibilité de la plume de l'auteur. Ses réflexions sur la vieillesse sont censées. Mais le choix d'écrire des tranches de vie plutôt qu'une histoire plus scénarisée n'était pas le bon, à mon humble avis. Beaucoup de convenu, de prévisible, peu de risque. Un début très ennuyeux et une fin assez bâclée, c'est vraiment dommage... (aaaahhhhh Grégoire, nonnnn, comment tu peux me faire çaaa).

Mes p'tites étoiles:
NB: Ca fait hyper mal de sous noter un auteur qu'on adore.


Mais fort heureusement, tout cela n'est que mon humble avis. 




Commentaires

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...