Glacé - [Bernard MINIER], thriller oppressant et bel et bien réfrigéré

Première parution en 2011, 736 pages, POCKET


Dans ma grande volonté de découvrir le plus d'auteurs de polar possible, il manquait à ma liste encore trop courte le très souvent cité Bernard Minier. A chaque fois, je ne peux m'empêcher de penser au sketch hilarant des Inconnus, avec Didier Bourdon incarnant Bernard Minet. Salut bande de taréééés! C'est super l'après-midiiiii !
Bref, passons cette digression inopportune et voyons ensemble ce que donne "Glacé". Verdict.

Dans une vallée encaissée des Pyrénées, au petit matin d'une journée glaciale de décembre, les ouvriers d'une centrale hydroélectrique découvrent le corps sans tête d'un cheval, accroché à la falaise. Ce même jour une jeune psychologue prend son premier poste dans le centre psychiatrique de haute sécurité qui surplombe la vallée.
Le commandant Servaz, flic hypocondriaque et intuitif, se voit confier l'enquête la plus étrange de toute sa carrière.
  Les assassins qui vous attendent au fond de ces couloirs, dit-il en désignant la porte de son bureau, sont plus monstrueux que les pires créatures qui ont pu hanter vos cauchemars, mademoiselle Berg. Ils sont notre némésis. Notre châtiment pour avoir tue Dieu, pour avoir bâti des sociétés ou le mal est devenu la norme.
Glacé est un polar bien construit, qui ne ressemble pas à un "premier livre" tant il est abouti. Il est dense, cohérent sur toute la ligne, poussé dans son intrigue. Le décor est magistralement planté, devient un personnage à part entière du livre (normal, Minier est originaire de là-bas!). Les personnages sont tous travaillés et les héros attachants; le suspense est à son comble quasiment sur les trois quarts du bouquin. On a du mal à lâcher le bouquin quand l'heure de dormir arrive, et les pages défilent à vive allure... Plutôt bon signe pour un pavé de plus de 700 pages! Le commandant Servaz, notre héros, ne lâche rien (et il prend  cher!) il est un peu marginal dans son rejet des hautes technologies et ses grandes tirades sur les médias. J'adore.

L'ambiance est absolument austère et la plupart du temps hostile... On est dans la montagne, dans la neige, en forêt, dans la nuit, dans le froid, sur les routes verglacées et surtout... on se balade dans un hôpital psychiatrique pour grands, très grands malades mentaux. Vous imaginez décor plus glauque? Un HP avec des tueurs en série et violeurs en tous genres dont plus personne ne veut s'occuper partout en Europe... Et parmi eux, un des suspects numéro 1 dans l'enquête !
- La folie est contagieuse, répondit Servaz. Comme la grippe. Voilà une chose que les psychiatres auraient dû comprendre depuis longtemps.
- Contagieuse? fit Marchand, dérouté.
- Elle ne saute pas d'un individu à l'autre comme la grippe, précisa Servaz. Mais d'un groupe de population à un autre. Elle contamine toute une génération. Le vecteur du paludisme, c'est le moustique. Celui de la folie, ou du moins son vecteur préféré, ce sont les médias.
Celle-ci part dans tous les sens et pourtant on suit aisément, on fait les recoupements nécessaires grâce à la plume de Minier qui nous guide parfaitement. L'intrigue alterne 2/3 du point de vue du commandant Servaz (et parfois de ses collègues) et 1/3 de Diane, la nouvelle psychologue de l'HP, qui découvre rapidement que rien n'est tout à fait normal dans cet établissement. 

Je trouve dommage que tout cela ne se recoupe pas plus à la fin... Les deux points de vue restent trop isolés tout au long du livre, même sur les dernières pages lorsqu'ils finissent par se rencontrer.
En outre, il reste un ou deux points (mineurs, heureusement) non éclaircis sur la fin... Cela fait planer un mystère qui pour moi n'était pas nécessaire, comme si l'auteur n'avait pas su achever les différentes énigmes qui jonchent le livre. C'est là le seul point faible de ce superbe polar glaçant ! 
Les fausses pistes sont nombreuses mais on ne devine pas la fin (pour moi c'est quasi miraculeux) et on se laisse agréablement berner ou surprendre. 
- Comment fait-on pour être flic de nos jours ? Demanda-t-il sans répondre à la question. Quand la corruption est générale, quand tout le monde ne pense qu'à s'en mettre plein les poches ? Comment fait-on la part des choses ? Est-ce que que ça n'est pas devenu terriblement compliqué ?
- Oh non, c'est très simple au contraire, dit Servaz. Il y a deux sortes de gens : les salauds et les autres. Et tout le monde doit choisir son camp. Si vous ne le faites pas, c'est que vous êtes déjà dans celui des salauds.
Ce qui est certain, c'est que je place Bernard Minier dans les auteurs de polar à suivre (ça tombe bien, j'en ai deux qui m'attendent dans ma PAL, vive les vide-greniers) !

En conclusion, si vous êtes amateurs du genre, je ne peux que vous recommander Glacé, qui clairement remplit le contrat haut la plume. Aujourd'hui, la réputation de Minier n'est plus à faire, il était temps que je m'y mette ! C'est trash et travaillé, plutôt bien écrit et décrit... bref, à avoir dans sa bibliothèque ! Les aventures de Servaz continuent d'ailleurs dans Le Cercle et N'éteins pas la lumière !
NB: Le livre a été adapté pour la télévision, mini-série avec Charles Berling sur M6. 

Mes p'tites étoiles:

Mais, tout cela n'est que mon humble avis.

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