Marche ou crève - [Stephen KING] ou le livre que tu ne peux pas lâcher alors qu'il ne s'y passe rien



King mérite vraiment bien sa réputation de maître de l'horreur et du suspense, capable de vous accrocher tout en vous répugnant, de vous faire réfléchir tout en vous offrant du pur divertissement.
Ses pieds avaient la migraine, le sang s'y coagulait, les gonflait et transformait les veines en spaghettis al dente.
L'histoire est racontée au travers du point de vue de Garraty. On le sent fort et vigoureux, courageux et inébranlable, mais les heures puis les jours vont passer et, comme tous les autres protagonistes croisés, il va se confronter aux pires souffrances psychiques et physiques, à des remises en questions, à des baisses de moral comme à des instants d'euphorie.
Tu t'enfonces jusqu'à ce que tu trouves le fond. Et puis tu creuses dans le lit de l'abîme, et finalement, tu arrives au fond du fond.
On va donc suivre ce personnage et quelques autres, avec qui il va se lier d'amitié (ou pas), au travers de cet interminable marche meurtrière. Les kilomètres et les heures s'égrènent au fil des pages, et on réalise avec effroi que tous ces pauvres mômes n'ont qu'un seul vrai point commun: ils ne savent pas vraiment pourquoi ils ont accepté ce suicide collectif, filmé et retransmis à la télévision, encadré par des militaires armés, prêts à dégainer au moindre faux pas... Certains de ces gamins croient à la postérité, d'autres se sentent invincibles, d'autres encore n'avaient... tout simplement pas réalisé que la Mort était au rendez-vous, qu'il s'agissait bien de "mourir".
Au fur et à mesure que le lecteur apprend à les connaître, il réalise cependant que la plupart n'ont soit pas de raisons de mourir (certains sont mariés ou en couple, et c'est terrible), soit pas de raisons de vivre...
Nous voulons tous mourir, déclara-t-il. C'est pour ça que nous faisons ça. Sinon pourquoi, Garraty ? Pourquoi?
Stephen King ne s'encombre pas d'explications sur le pourquoi du comment, sur l'époque, sur les évolutions de la société (que l'on peut toutefois deviner). Il ne s'encombre pas de prologue ou d'épilogue. Le début du livre équivaut au début de la marche et la fin du livre à l'arrêt de la marche. C'est tout. Ce qui compte, ce n'est même pas les raisons qui ont poussé les uns ou les autres à participer à cette horreur. Ce qui compte c'est le dépassement de soi, la force de l'esprit, la ténacité. Et ensuite la souffrance, les regrets et la perte de ses alliés petit à petit... Seule compte la survie. On se concentre seulement sur l'aspect "humain" (ou inhumain) de cette expérience monstrueuse, qui sera la dernière pour 99 des participants.
Garraty observait d'un air apathique en se disant que même l'horreur finit par lasser. Il y avait surabondance de mort .


C'est la force de Stephen King: nous accrocher complètement sur 350 pages à une marche. Juste une marche. Et on ne s'ennuie jamais... Chapeau!
Mais, bien évidemment, tout cela n'est que mon humble avis.
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